21 Août 2020

[Lanceurs] Callisto sur la piste de Diamant

Le véhicule réutilisable expérimental Callisto décollera depuis le pas de tir de la fusée Diamant. Le site historique sera réaménagé pour pouvoir accueillir, pour la première fois en Guyane, des atterrissages.
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L'ensemble de lancement Diamant Crédits : CNES

C’est sur un site chargé d’histoire que se dérouleront les lancements du véhicule expérimental Callisto, démonstrateur d’un lanceur récupérable et réutilisable développé par la France, l’Allemagne et le Japon. Le pas de tir de la fusée Diamant a en effet été le théâtre de 8 lancements dans les année 1970 jusqu’à l’abandon du programme, avant d’être converti en espace de stockage pour du matériel. Il s’agit du plus ancien ensemble de lancement d’un lanceur avec charges utiles au Centre spatial guyanais. Avant d’accueillir Callisto, le site subira des travaux de remise en état et d’adaptation : démantèlement de la tour dès cette année, rénovation et agrandissement des surfaces terrassées, travaux sur les infrastructures et les réseaux... Mais dans la mesure du possible les anciennes installations seront reconverties. Par exemple, l’intégration de Callisto se fera dans l’ancien hall de préparation de Diamant, dans un espace sous tente climatisé en ambiance propre.

La phase d’exploitation de Callisto comprend 10 vols sur une durée de 6 mois. Nous essayons de réutiliser au maximum les infrastructures et les locaux existants, qu’il faudra remettre en état de fonctionnement.

Jean-François Niccolai, chef de projet segment sol Callisto au CNES

L’atterrissage, un défi technique au sol

L’aménagement du pas de tir prend en compte les spécificités de Callisto : pour la première fois au CSG, il faut prévoir un point de décollage et une zone d’atterrissage située dans un rayon de 10 m autour de ce point. « Pour que le véhicule puisse se poser, cette zone des 10 m devra avoir été complètement dégagée après le décollage. Nous devons donc concevoir des installations sol en conséquence », poursuit Jean-François Niccolai. Par exemple, il ne pourra pas y avoir de carneau d’évacuation. Le jet de gaz émis lors du lancement se déversera directement sur le sol, conçu pour résister à la chaleur et permettre ensuite l’atterrissage. De même, les bras cryotechniques utilisés pour le remplissage des réservoirs mesureront environ 15 m, la même dimension que ceux de l’ELA4 d’Ariane 6 pour alimenter un véhicule 5 fois plus petit.

Un robot pour la mise en sécurité de Callisto

Enfin, autre défi technique, il faudra pouvoir reconnecter le véhicule après l’atterrissage pour finir de le vidanger et le réalimenter en énergie, ajoute Jean-François Niccolai : « Au moment de l’atterrissage, il contient encore de l’oxygène liquide et de l’hydrogène liquide. Pour des raisons de sécurité, on ne peut donc pas envoyer des personnes pour le faire manuellement. » Cette mission sera donc confiée à un robot développé spécifiquement, qui permettra à distance, de rebrancher les flexibles sur Callisto. 


Le saviez-vous

Le site historique de Diamant ne reprend pas du service seulement pourla campagne de tirs de  Callisto. L’ensemble de lancement sera aussi utilisé pour un autre programme expérimental, Themis 3, qui préfigurera le lanceur du futur Ariane Next et sera équipé du moteur Prometheus. Le pas de tir devrait également accueillir dans les prochaines années des microlanceurs dans le cadre de tirs commerciaux.

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Lanceur - image d'illustration Crédits : Alena Butusava

Série Lanceurs

Qu’on les nomme lanceurs ou fusées, cette activité du CNES - qui contribue à garantir l’accès autonome à l’espace de la France et de l’Europe - est en constante évolution. Nous vous proposons de découvrir son actualité via une série d’articles. Vous y lirez tous les détails sur le nouveau lanceur Ariane 6 et sa base de lancement et vous familiariserez avec les innovations et ruptures technologiques qui nourriront les futurs programmes à l’horizon 2030.